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Les défis de l’éducation aux droits humains en Haiti

Introduction

La situation des droits de l’Homme en Haïti présente un tableau très sombre avec une ponctuation particulièrement fixée sur les conditions de vie insupportable des citoyens notamment les groupes vulnérables. En dépit des engagements conventionnels pris par Haïti tant sur le plan régional (système interaméricain de protection des droits de l’homme) qu’universel (système onusien de protection des droits de l’homme) visant à faciliter l’effectivité des droits de l’homme dans son ensemble, il s’est averé que ces outils se soient confrontés à des difficultés qui ont une grande incidence sur l’application réelle de ces droits. À ce titre, faudra-t-il parvenir à l’éducation aux droits humains comme assise de l’effectivité des droits de la personne en Haïti? Quelles solutions envisageables aux défis de l’éducation aux droits humains en Haïti? Ainsi, face à une telle ambiguité, il convient de relever des défis qui passeraient évidemment par la mise en oeuvre des politiques publiques, de la prise en compte du rapport culture et droits de l’homme, du renforcement institutionnel pour que l’éducation aux droits de l’homme soit la base fondatrice de la protection effective des droits de la personne en Haïti.

La mise en oeuvre de politiques publiques axées sur les droits de l’homme

Il y a lieu de constater qu’aujourd’hui l’existence d’un déferlement accéléré des valeurs liées à la dynamique de l’évolution des droits de l’homme. Les interrogations, à ce propos, demeurent donc multiples en raison de son caractère potentiellement en péril, si l’on veut s’en tenir aux différents impacts que cela peut engendrer au niveau interne. Cela dit, il est évident de penser ou même croire, à la lumière des observations appuyées sur des études teintées d’objectivités, que la problématique du développement des droits humains résulte en tout état de cause de l’absence d’une bonne éducation enracinée dans une approche de politiques publiques, proposant ainsi un cadre structurel aux actions prises par les autorités directement concernées en cette matière. Autant dire, cette démarche s’assimilerait à la creation d’un systeme à la fois de formation et d’information articulé autour d’un plan intégral et interinstitutionnel afin de pouvoir adresser efficacement ces défis.

L’aménagement du rapport culture et droits de l’homme en Haïti

Le respect des valeurs culturelles n’est pas un voeu pieux c’est, de toute évidence, la prise en compte du terrain: des personnes, de leurs institutions, de leurs pratiques et surtout de leurs capacités à être les auteurs du développement compris dans toutes ses dimensions. Aussi, l’éducation comme étant un droit culturel fondamental conformément à la description faite dans l’un des deux pactes jumeaux du 16 décembre 1966 en l’occurrence le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, se devait d’être une préoccupation sympathique interpellant à cet effet toutes les bonnes consciences de la nation notamment celles des acteurs étatiques inclus la societe civile dans son entièreté sur la nécessité d’un modus operandi. Il peut sembler complexe étant donné l’urgence de l’heure mais il n’en demeure pas moins que ça soit l’option raisonnable à saisir car, dit-on, c’est une question dont l’objet supposerait un traitement à la fois célère et prioritaire. 

Le renforcement des institutions intervenant dans le domaine des droits de l’homme

Il serait quasiment improbable de parler de renforcement des institutions oeuvrant dans le domaine des droits de l’homme en Haiti sans se permettre d’analyser la situation actuelle de l’état de droit en s’offrant quelques petits instants d’évaluation. Aujourd’hui, les institutions de sécurité, de protection et de contrôle, tant nationale que locale sont complètement affaiblies voire inexistantes. Il faut un recadrage systématique des textes ainsi que des mécanismes garantissant la conformité des règles de droit aux principes des droits de l’homme. Aussi, il convient d’insister sur la necessité de la dynamisation de certaines institutions étatiques comme par exemple (l’Office de Protection du Citoyen) OPC dont la mission est exclusivement consacrée à la protection du citoyen au terme de la Constitution de 1987 amendée. sans négliger d’autres institutions non étatiques qui sont pour la plupart des organisations de la société civile, les médias, la famille, les organisations doivent bénéficier des assistances techniques afin de pouvoir maintenir sinon consolider leur programme de sensibilisation et de protection en matière des droits de l’homme. C’est en ce sens que l’article 10 de la Déclaration des Nations Unies sur l’éducation et la formation aux droits de l’homme (A/RES/66/137) dispose que :

1. Différents acteurs au sein de la société, notamment les établissements d’enseignement, les médias, la familles, les communautés locales, les institutions de la société civile, dont les organisations non gouvernementales, les défenseurs des droits de l’homme et le secteur privé ont un rôle important à jouer dans la promotion et la prestation de l’éducation et de la formation aux droits de l’homme.

2. Les institutions de la société civile, le secteur privé et les autres parties prenantes concernées sont encouragés à dispenser à leur personnel l’éducation et la formation aux droits de l’homme voulues.

Tenant compte de ces différents acteurs qui ont tous un rôle crucial dans la dynamique d’éducation aux droits de l’homme, la stratégie qui doit guider leur action c’est l’établissement d’un plan national de promotion et de protection des droits de l’homme ainsi qu’un partenariat entre l’État et le secteur privé axé sur l’éducation aux droits humains. Les entreprises ont, au nom de leur Responsabilité Sociale et Civique ont leur partition à jouer dans l’éducation aux droits de la personne.

Vers une protection effective des droits de l’homme par l’éducation aux droits humains

 L’éducation aux droits de l’homme élève les êtres les humains à la reconnaissance de leurs droits. Plus les êtres humains connaissent leurs droits, plus ils sont conscients de leur dignité humaine. Plus ils sont aptes à faire valoir leurs droits. La protection effective des droits de l’homme par l’éducation aux droits humains implique au premier chef la responsabilité de l’État, ensuite celle de la société civile. La protection effective des droits de l’homme dans le contexte d’Haïti doit nécessairement passer l’éducation aux droits de la personne. On pourra la cerner sur plusieurs angles:

Primo, l’éducation des cadres qui travaillent au sein des institutions étatiques parce que l’effectivité institutionnelle des droits de l’homme rime avec l’efficacité des cadres des institutions.

Secundo, l’éducation des cadres des organisations de la société civile, qui eux à leur tour participeront comme promoteurs essentiels des droits de la personne en venant en aide à leurs propres organisations et à l’État dans les campagnes d’éducation civique et aux droits de l’homme .

Tertio, l’État comme condition sine qua non de réalisation des droits de l’homme se doit d’élaborer un plan national des droits de l’homme qui implique la participation de toutes les structures de la société et s’obligera à faire annuellement la verification des engagements pris dans ledit plan en fonction des droits à concrétiser.

Quarto, l’effectivité du cadre institutionnel des droits de l’homme pourra contribuer à celle de l’architecture normative des droits de la personne aux travers les mécanismes régionaux et international de protection des droits de l’homme. L’approche de l’efficacité institutionnelle facilitera une cohérence entre les normes nationales et les normes conventionnelles à ratifier par l’État haïtien afin de traiter avec plus de rigueur les droits de l’homme. Il ne faut que les normes relatives aux droits de l’homme en Haïti restent un embellissement juridique, il faut qu’elles soient effectivement applicable pour que les citoyens et les individus soient protégés.

Conclusion

En guise de conclusion, à l’ère où on assiste à une mondialisation accélérée des droits de l’homme liée aux différents modèles d’approche axés sur le relativisme culturel, l’éducation aux droits humains devient de plus incontournable puisqu’elle concourt à la compréhension de l’universalisme des droits de l’homme et de son applicabilité. Haïti devrait être en passe de tailler sa place dans ce vaste champ universaliste des droits de l’homme où en fonction des réalités culturelles tire la sonnette d’alarme pour relever les défis auxquels elle s’est confrontée en vue d’une meilleure protection des droits de l’homme.

Me Johnny PIERRELIS

Avocat au Barreau de Port-au-Prince

Spécialiste en droit international des droits de l’homme

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Communication de crise : Quel modèle de communication pour Haïti pendant le COVID19?

Le gouvernement haïtien est au four et au moulin depuis près d’un mois. Soit le 19 mars 2020 après l’identification de deux premières personnes ayant contracté le virus. Les autorités se sont alors trouvées face à un besoin imminent d’informer et de sensibiliser une population en grande partie limitée à tout (éducation, électricité, accès à internet), sur non seulement l’existence du virus mais aussi sur les mesures barrières.

Le pouvoir exécutif a dû lancer le Centre d’informations permanentes sur le coronavirus (CIPC) avec pour mission de coordonner les actions de sensibilisation afin d’informer la population sur l’évolution de la pandémie COVID 19.

Ce Centre organise tous les jours, des conférences de presse avec des différents techniciens ou membres du gouvernement. Chaque intervenant selon sa spécialité transmet des contenus techniques et des messages cognitifs par le truchement des canaux traditionnels (radio et télévision) relayant les conférences de presse.  Certaines pages Facebook dont celle du Ministère de la culture et communication diffusent en temps réel ces informations. Cette courroie de transmission d’information révèle du modèle de communication verticale/descendante propre aux institutions qui visent à informer, rendre des comptes et générer la visibilité.  Cela s’inscrit dans le cadre d’une politique d’image et de visibilité institutionnelle.

Alors que la crise qu’a créé le COVID 19 nécessite un changement de comportement de la population par rapport à l’hygiène et d’habitude sanitaire.  Le COVID 19 impose à la population l’application stricte des mesures barrières limitant à cet effet tous liens sociaux comme les embrassades, les câlins, les poignées de main ainsi que l’hospitalité. Les haïtiens qui sont naturellement hospitaliers doivent désormais appliquer la distanciation sociale.

Toutefois, le modèle de communication verticale et unilatérale n’a jusqu’à date pas atteint le résultat escompté. Certains facteurs expliquent cette complexification.

  • La population est sous informée de la pandémie et des mesures de prévention ;
  • La population fait fi des mesures de prévention et de distanciation sociale en raison de leur scepticisme face aux agissements du gouvernement depuis le début la pandémie du Covid 19 ;
  • La crédibilité du gouvernement est mise en doute (le gouvernement n’a pas de figure crédible devant se charger de sa communication) ;
  • La population croit qu’il y a rétention d’information (la population croit que le gouvernement lui ment et lui cache des informations) ;
  • L’incohérence des discours et déclarations des membres du gouvernement (le gouvernement demande aux gens de garder la distance sociale pourtant des entités de ce même gouvernement réuni des centaines de gens dans un espace public sans aucun contrôle ;
  • L’unilatéralité / la verticalité des communications.  (Le gouvernement décide de l’arrêt des activités sans pour autant contacter les acteurs qui peuvent l’aider à faire respecter cette décision).

Que garantirait la communication pour le développement / C4D en cette période crise?

Dans le cas d’Haïti, surtout dans cette période de crise, la communication ne doit pas reproduire le pouvoir mais doit constituer un instrument de transformation sociale : horizontal, participatif, populaire tel que le soutien Paulo Freire (1970)

Le recours au C4D, sigle correspondant à l’anglais Communication for développent /Communication pour le développement qui est un outil d’influence sociale et politique, favorise la participation et le changement social grâce aux méthodes et aux instruments de la communication interpersonnelle, aux médias communautaires et aux technologies modernes de l’information.  Elle dispose des outils et moyens de communication de masse (radio, télévision, médias sociaux) ainsi que des moyens hors média (Rencontre, atelier, visite de terrain, débat public, évènement de porte à porte). Elle encourage la participation démocratique telle qu’énoncé dans les méthodes de la communication collective de Jean Routier et Alice Labrèque (2004).

La communication pour le développement est un véritable « droit de savoir » pour reprendre EdwyPlenel (2013). Elle facilite l’accès à l’information, permet aux citoyens de participer et de s’impliquer au changement que les acteurs politiques ou économiques veulent les inciter à faire tout en ayant de grandes influences sur les politiques publiques.

Ce modèle de communication a déjà porté des fruits aux États-Unis et dans plusieurs pays du continent africain. Les travaux de (Ryan et Gross, 1943 ; Katz et Lazarfield, 1955), sur le processus de diffusion des innovations et la théorie « twostep flow », du « double flux de la communication » en sont les exemples probants.

Pour informer et sensibiliser la population sur les Covid19, le gouvernement devait solliciter l’accompagnement des leaders d’opinion. Rogers Everett (1995 [1962]), les appelle des « Homophiles (personne du même milieu) ». Une personne est plus apte à croire un leader de son milieu. Pour preuve, nous pouvons analyser le fonctionnement du secteur protestant en Haïti.

De plus, Roger insiste sur le rôle de la communication interpersonnelle par rapport aux médias de masse.  En effet, alors que les médias ne peuvent que transmettre l’information, les canaux interpersonnels de communication seraient beaucoup plus aptes à susciter l’intérêt et à motiver la population pour un changement de comportement.

Le gouvernent haïtien à travers le Centre d’information permanente aurait dû prioriser la communication horizontale et multilatérale qui inclurait tous les acteurs de la société civile, les leaders locaux, les leaders religieux, les associations de base et les chefs de parti politique.

En adoptant ce modèle le gouvernement aurait favorisé l’apprentissage informel et l’émergence de nouvelles méthodes d’échange et de partage d’information entre le gouvernement, les élus locaux, les représentants d’organisation de base, les responsables de quartiers, etc. cela aurait rapprocher les points de vue et faciliter l’échanges d’idées entre experts du Ministère de la santé publique et les différentes souches de la population sur la pandémie.

Rogers identifie cinq étapes dans une décision d’adoption d’innovation :

  1. Exposition / connaissance – l’individu est exposé à l’information.
  2. Intérêt et persuasion – l’individu forme une attitude.
  3. Evaluation et décision – l’individu fait son choix de façon active ou passive.
  4. Test / mise en œuvre – l’individu fait face à l’incertitude des conséquences via sa propre expérience ou l’observation des autres.
  5. Adoption / confirmation de la décision.

La communication pour le développement saurait servi des rites, des mythes, des pratiques ancestrales et symboles d’identification pour informer et sensibilisation la population. Car, si la communication en période de crise a pour objectif de clarifier les enjeux et les intentions de chacun à des fins de changement d’attitudes / d’habitudes et comportements. La communication pour le développement propose une approche de proximité en publiant des affiches / livrets pédagogiques / infographie attractive sur le covid 19, lançant des récits numériques afin de raconter des histoires de manière tangible à la construction de la réalité, etc. 

Le déficit de communication du gouvernement aurait pu s’amoindrir en recourant à la communication participative et collective. Pour faire face à la pandémie il faut que la population change de comportement ou d’habitude. Selon l’approche de Paulo Freire, il serait quasiment impossible de vouloir opérer des changements dans une communauté sans que les habitants / riverains n’y participent.

Pour changer les mauvaises coutumes d’un pays et en créer de nouvelles, disait Benjamin Franklin (1781), il faut d’abord supprimer les préjugés des gens, éclairer leur ignorance et les convaincre que leurs intérêts seront favorisés par les changements proposéset ce n’est pas le travail d’une journée.

En période de crise, il est inévitable de communiquer pour atteindre le plus large public possible et d’intégrer le plus d’acteurs possible dans le processus de changement que l’on veut opérer dans les communautés. La communication pour le développement aide grandement à promouvoir la participation et à communiquer pour changer.

Joubert Rochefort

Masterant en Sémiotique & Stratégies

Spécialité : Sémiotique de la Communication

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L’impact du covid19 sur la migration comme élément fondamental de la mondialisation

Dans un contexte où les rapprochements entre les êtres humains et le flux des échanges commerciaux, culturels et académiques s’accélèrent, le coronavirus s’est immiscé dans la mondialisation et en est devenu un challenge planétaire. Il représente subrepticement une limite aux processus des échanges au niveau de la société mondiale. Qui plus est, au respect des droits de l’homme et de la migration qui se veut être le pilier de la mondialisation puisque selon le rapport de 2020 de l’Organisation Internationale pour les Migrations intitulé : L’état de la migration dans le monde, il existe jusqu’en 2019 272 millions de migrants à travers le monde (3,5% de la population mondiale), parmi ces migrants 52% sont des hommes, 48% des femmes et 74% sont en âge de travailler (20-64)[1]. Les États-Unis d’Amérique représentent le premier pays de destination des migrants (50,7 millions de migrants internationaux)[2]. Des données en 2013 ont estimé que 150,3 millions est le nombre de travailleurs migrants à travers le monde, ce qui représentait un peu moins de deux tiers de la population des migrants internationaux (232 millions) à la même année[3]. Par conséquent, en raison du confinement, de la fermeture des frontières dans le souci pour les États de protéger leurs populations face à la propagation de la pandémie. Il est visible qu’il existe une tension entre le covid19 et la mondialisation. On dirait que de cette tension découlerait une mondialisation du Coronavirus puisque c’est un fléau contre lequel l’humanité se bat. Laquelle bataille comporte des stratégies sanitaires en fonction de l’architecture sanitaire de chaque État. En ce sens, la diversité des stratégies est dû au fait que de nombreux États avant l’avènement de cette pandémie se sont confrontés à des problèmes sanitaires et environnementaux qui se labellisent aujourd’hui comme de nouveaux défis à la paix et à la sécurité internationales.

De cette pandémie découle une restriction croissante de la liberté de circulation des personnes en raison de l’adoption de mesures urgentes. Ce qui est admis en droit international des droits de l’homme. Par contre, dans certains États ou les infrastructures sont défaillantes ou n’existent plus, la restriction de la liberté de circulation des personnes pose problème vu que les défis quotidiens auxquels la population de ces États fait face. L’apparition de cette pandémie nous fait vivre subitement dans un monde où la distanciation sociale engendre la fermeture des frontières et un frein dans les échanges. À ce titre, sommes-nous au début de la fin d’un cycle qui pourrait faire émerger une « nouvelle mondialisation » où la protection des droits de l’homme, la solidarité internationale et la gouvernance de la migration seront plus effectives. En outre, comment par souci de solidarité migratoire[4], les nombreux travailleurs migrants issus des pays du sud peuvent jouer un grand au chevet de leurs pays face au COVID-19 ? Il me semble que par une approche des droits de l’homme on parviendra à combattre la pandémie, et l’intervention des travailleurs migrants en soutien financier à leur pays d’origine serait un atout pour les États. Aussi, faudra-t-il une nouvelle gouvernance mondiale des flux migratoires.

L’approche par les droits de l’homme pour contrer le Covid19

Par cette approche, on entend que, dans les pays d’extrême vulnérabilité sanitaire, il est une nécessité inéluctable d’appliquer certains principes cardinaux de droits de l’homme tels que : l’égalité, la non-discrimination pour que les stigmatisations liées aux désinformations ne causent plus dégâts que la pandémie elle-même. Dans cette aventure, l’intervention des entreprises au nom du principe de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), des organisations des droits humains, des ONG œuvrant dans les droits de l’homme est incontournable. Que peuvent faire les entreprises et les associations dans l’approche des droits de l’homme ?

Du rôle des entreprises et des associations des droits de l’homme

    L’existence des entreprises est tributaire de l’intelligence des êtres humains qui y travaillent en mettant à leur profit leur savoir et leurs compétences. Il est crucial qu’elles adoptent des mesures qui tendent non seulement à protéger leurs cadres mais également les consommations de toutes les couches sociales. Elles se doivent de mobiliser des ressources financières et matérielles au sein d’une plateforme d’entreprises ou autre afin d’aider l’État efficacement à faire face à la pandémie. Nous proposons à ce titre, dans ce contexte que les entreprises agissent d’un commun accord avec toutes les associations dédiées aux droits de l’homme afin de renforcer la capacité de l’État pour contrecarrer le Covid-19. Les actions devraient être axées sur des campagnes de sensibilisation à grande échelle, c’est–à-dire jusqu’aux sections communales en priorisant une approche participative des citoyens avec le concours des professionnels de la santé et de nombreux leaders communautaires. La transformation des Églises et des écoles communautaires en de véritables centres d’accueil pour les personnes infectées. Nous devrons dégager une prise de conscience collective de la crise sanitaire mondiale afin de bannir toutes les formes de discriminations à l’égard des personnes contaminées. En outre, les entreprises, notamment celles qui sont se sont spécialisées dans l’alimentation doivent intervenir auprès des personnes qui sont sous-alimentées. En quoi le confinement pourrait être une arme de guerre contre le Covid-19 ?

Le confinement comme dérogation aux droits de l’homme pour combattre le Covid-19

    De la France, en passant par l’Italie, l’Espagne, les États-Unis (New York), jusqu’en Inde, pour ne citer que ceux-là, on assiste lamentablement à de nombreux cas de contamination et de décès liés au Covid-19. Face à ce constat, le confinement s’avérerait être une arme utilisée par les États afin de lutter contre la pandémie. C’est une dérogation qui est permise en droit international des droits de l’homme (Voir l’article 4 (1,3) du Pacte International relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966) puisque dans ces pays il est question de l’État d’urgence sanitaire. Cependant, cette dérogation s’est heurtée à des difficultés de mise en œuvre en raison des carences d’infrastructures sanitaires, environnementales et de pauvreté extrême de certains États. En outre, le confinement peut anéantir plus de gens que la pandémie elle-même. Par ailleurs, dans le cas d’Haïti on peut tenter un éventuel confinement qu’il faudra analyser au cas par cas.

Primo, dans les quartiers résidentiels, le confinement est possible parce que les gens qui y vivent sont relativement aisés et peuvent se permettre d’avoir de quoi se nourrir pour la période qui sera impartie pour le confinement. Dans cette optique, ils pourront construire une véritable communauté où ils se solidariseront.

Secundo, dans les quartiers populeux, l’État se doit de désengorger les ménages où la promiscuité bat son plein en envisageant comme alternative des centres d’hébergement d’urgence qui seront dédiés au confinement. De plus, il se doit d’approvisionner cette population dite vulnérable en mettant en place toute une chaîne d’assistance sociale ordonnée. Simultanément, il s’oblige à mener une campagne de sensibilisation auprès des ménages de ces quartiers.

Tertio, globalement, il faut opérationnaliser une campagne d’assainissement dans tout le pays en incluant les organisations communautaires de base, les leaders religieux, les professeurs, et tous les organismes de l’État œuvrant dans cette sphère d’activité. À cet effet, on peut encourager dans les villes de provinces et autres l’usage de vélos comme moyen de transport afin de limiter la proximité des gens. Vraisemblablement, c’est le moment opportun de développer le système de transport via les vélos. Lequel système s’étiquettera de palliatif au problème de la pollution auquel les grandes villes se sont confrontées. Les mesures d’ordre que nous impose cette pandémie a sans conteste impacté la migration, qu’elle soit interne ou internationale.

La migration face au Covid19

      Il est un fait indéniable que ce qui permet la propagation du coronavirus c’est la migration des personnes ainsi que leurs contacts physiques. L’inverse est aussi vrai, en ce sens que pour pouvoir freiner la propagation de la pandémie la restriction de la migration est de mise. D’où l’optique extrême de la fermeture des frontières. Cependant, la grande controverse est que les avantages de la migration peuvent aider dans la guerre menée contre le Covid-19. Face à cette grande mobilisation mondiale, on peut compter sur la contribution des travailleurs migrants et une gouvernance mondiale efficace de la migration durant la période post-pandémique.

L’investissement des migrants dans la lutte contre le Coronavirus

      Face à ce désastre mondial, il est indispensable que les États, en particulier, ceux dont le système sanitaire est défaillant, sollicitent le concours sur les plans financier, technique et scientifique de leurs ressortissants vivant à l’étranger. Des concours qui peuvent être à notre sens opérationnels par l’usage des outils technologiques du fait que les frontières sont pour l’instant fermées. Des plates-formes numériques regroupant les associations locales et celles des immigrants peuvent être créées en coopération avec les structures étatiques dédiées à la santé pour des interventions efficaces au Covid-19. Nous visons, dans ce contexte, les travailleurs migrants issus de ces différents États.

Le recours à la réserve économique des migrations est essentiel afin de pallier les effets de contamination du coronavirus puisque selon la Banque Mondiale, les migrants ont envoyé   29 milliards de dollars É.-U. en 1990 vers des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire[5]. Ces envois se sont élevés à 74 milliards en 2000 soit plus du double pour atteindre 429 milliards de dollars É.-U. en 2016[6]. À l’échelle mondiale les rapatriements de fonds sont trois fois supérieurs à l’aide publique au développement (Rapport de l’OIM de 2018 sur l’état de la migration dans le monde). Une meilleure gestion des fonds qui peuvent être alloués par les migrants à leur pays d’origine où le système sanitaire est fragile coopèrent à la rescousse des vies humaines. L’investissement des migrants marquera une étiquette d’assise à l’aide de tous les États de coopérer dans la logique de la solidarité, l’une des valeurs qui doit sous-tendre les relations internationales au XXIe siècle. Laquelle solidarité consacre selon la Déclaration du millénaire du 8 septembre 2000 adoptée suivant la Résolution de l’Assemblée générale de l’ONU A/Res/55/2. : « Les problèmes mondiaux doivent être gérés multilatéralement et de telle façon que les coûts et les charges soient justement répartis conformément aux principes fondamentaux de l’équité et de la justice sociale (…) » Ainsi, pouvons-nous évoquer dans cet esprit que le Secrétaire générale des Nations Unies M. Antonio Gutterés a fait un appel solennel à la communauté internationale pour un investissement massif en Afrique afin de se battre contre le Covid-19. Par ailleurs, dans la quintessence de cette approche se réside en même temps l’appel à une bonne gouvernance de la migration au défi du Covid-19.

Vers la nouvelle gouvernance mondiale des flux migratoires

L’Europe (Italie, France, Espagne…) et les États-Unis d’Amérique (New York), pour l’instant, deux pôles les plus importants de la migration (Sud-Nord) sont les plus touchés par le Covid-19.  S’ils sont des pôles attractifs de la migration, il faudra des actions collectives dans les États où provient la migration vers ces pôles migratoires. On entend par là, l’évitement des flux migratoires par des interventions sur le plan économique et social afin d’aider les pays de provenance des migrants à faire face au Covid-19. Si des actions ne sont pas menées, on assistera à un rebondissement du Covid-19 dans les pays dits les plus développés. Paradoxalement, on pourra éventuellement observer une migration du nord (Pays riches) vers le sud (pays en développement). En premier lieu, par les migrants originaires des pays du sud qui envisageraient un retour à titre préventif au Covid-19. En second lieu, des ressortissants des pays riches qui projetteraient de se rendre au sud dans une perspective de recours en attendant que la situation sanitaire soit améliorée. Par contre, triste constat les frontières sont fermées ils se sont obligés de se confiner, d’où le frein à la migration. Par ailleurs, la migration irrégulière se perpétue malgré la crise sanitaire mondiale. À titre illustratif, les réfugiés syriens confinés à la frontière gréco-turque exposés quand bien même au Covid-19 et dont le souhait est la conquête de l’Eldorado européen. Si durant la pandémie du VIH/sida et d’autres maladies infectieuses toute la communauté internationale s’est manifestée d’apporter un soutien pour répondre aux besoins spéciaux de l’Afrique dans le cadre de la Déclaration du millénaire, aujourd’hui à l’ère du coronavirus, cette même communauté se soucie non seulement de ses besoins propres mais également de ceux de l’Afrique. Fort de ce constat, résoudre le problème de la propagation du virus dans les pays riches sans un apport à l’Afrique surtout dans le cadre du développement entrepreneurial pour contrecarrer la pauvreté dans le but de combattre la migration clandestine, c’est comme parler d’un arbre sans ses racines.

Au vu de ce qui précède, il faudra plus que jamais les États convergent leurs efforts en vue de relever les nouveaux défis auxquels s’est confrontée la mondialisation, à savoir la tolérance, le respect de la nature et le partage des responsabilités qui présente dans son contenu : « La responsabilité  de la gestion, à l’échelle mondiale, du développement économique et social, ainsi que des menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, doit être partagée entre toutes les nations du monde et devrait être exercée dans un cadre multilatéral (…)[7] ». Une nouvelle gouvernance mondiale des flux migratoires est incontournable. Elle devra s’inscrire dans la mise en œuvre efficace du Pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées adoptés dans le cadre du Forum de Marrakech sur la migration et le développement du 10 au 11 décembre 2018. Il faudra miser sur l’aspect positif de la migration pour remédier aux problèmes économiques causés par le Covid-19 en vue de reconstruire un monde meilleur. Faisons que la mondialisation soit une force positive pour l’humanité toute entière en prenant en compte une réelle justice sociale.

En définitive, le Covid-19 fera basculer notre monde vers un nouvel ordre économique et social. On peut même prétendre à l’avènement d’une nouvelle mondialisation dont l’essence résidera dans la prise en compte des droits économiques et sociaux. Faisons de cette mondialisation une mondialisation socio-économique pour que l’humanité entière soit plus solidaire face aux fléaux mondiaux. En outre, construisons ce nouveau paradigme en accordant une place plus juste au respect de l’environnement ou de la justice climatique. Protégeons la migration, aussi vieille que le monde et qui s’étiquette de moteur de la machine de la mondialisation. Parvenons tous ensemble à une nouvelle gouvernance sanitaire et migratoire mondiale en tenant compte du respect et de la protection des droits humains des migrants.

Me Johnny Yvenson PIERRELIS

Avocat du Barreau de Port-au-Prince

Spécialiste en droit international des droits de l’homme


[1]Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), rapport intitulé : « L’état de la migration dans le monde », 2020, p. 21.

[2]Idem., p.21.

[3] OIT, 2015, cite dans le rapport de l’OIM, l’état de la migration dans le monde, 2018, p. 30.

[4]C’est l’implication des travailleurs migrants par une prise de conscience collective de la crise sanitaire mondiale en appui à l’État.

[5] Base de données de la Banque  mondiale, 2017, cite dans le Rapport  2018 de l’Organisation Internationale  pour les Migrations, OIM, intitulé : « L’état de la migration dans le monde», p. 4.

[6] Idem., p.4.

[7]Déclaration du millénaire du 8 septembre 2000 adoptée suivant la Résolution de l’Assemblée générale de l’ONU A/Res/55/2.

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COVID19 : Quelle réponse appropriée pour le fonctionnement des écoles ?

S’il y a un élément important pour les États à gérer après l’économie, c’est bien l’éducation qui est le moyen par lequel les sociétés se renouvellent en se dotant des modèles de citoyens qu’elles estiment nécessaires à leur avenir. Bien plus que l’économie à préserver, l’éducation représente l’avenir à ne pas gâcher. C’est la raison pour laquelle les pays doivent s’atteler à trouver les solutions les plus appropriées pour résoudre les problèmes que confrontent les systèmes éducatifs par rapport au COVID19. Les méthodes utilisées jusque-là dans différents pays, sont nombreuses et la Banque Mondiale vient de dresser un bilan intéressant à ce niveau.

Certains pays se contentent d’une (1) amélioration des dispositifs de préparation avec maintien des établissements scolaires ouverts, comme la Russie et le Singapour qui ont choisi de réduire les activités sociales et extrascolaires pour limiter les contacts physiques, d’autres ont choisi de procéder à une (2) fermeture ciblée d’établissements scolaires quand tout le pays n’est pas encore touché et que seulement quelques zones le sont et celles-ci sont mises en quarantaine. On trouve beaucoup de ces exemples en Australie, Brésil, Canada, Inde.

Il faut ensuite compter les pays qui procèdent à la (3) fermeture de tous les établissements scolaires. C’est jusqu’ici ce que nous avons fait en Haïti et c’est suivant les données la décision la plus fréquente pour éviter que le virus se propagent.

Et enfin, certains pays ont (4) recours aux ressources pédagogiques à distance pour atténuer l’érosion des apprentissages. Bien que cela demande des infrastructures technologiques importantes, mais c’est l’une des alternatives très fréquentes dans les pays industrialisées.

Actuellement dans les pays tels que l’Allemagne, l’Arabie saoudite, la Chine, l’Italie et la France, l’enseignement en ligne se fait à 100 %. Le ministre de l’Education nationale en Haïti a annoncé que le ministère va sous peu passer au Numerique, bien que nous savons que mise à part l’existence de la plateforme, le plus important concerne le niveau d’accès que pourront avoir les utilisateurs. C’est pourquoi des pays comme le Viet Nam et la Mongolie priorisent les téléphones portables ou la télévision pour toucher les écoliers. En Haïti, l’accès à l’Internet est considérablement limité, sans parler du débit. Et ajouté à cela, il y a les écoles dans les campagnes pour lesquelles il faut trouver des mesures spécifiques qui tient compte des de tout ce qui leur manquait au préalable.

En tout cas, si réponse il faut en donner, les autorités haïtiennes doivent faire en sorte de choisir celles qui peuvent s’avérer accessibles à ceux-là même qu’ils entendent les adresser. Pour cela, c’est avec le personnel et les professionnels du secteur éducatif même que les solutions doivent être trouvées, tout en nous inspirant des réponses étrangères.

Roudy Stanley Penn
Politologue

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A QUEL POINT LE COVID-19 FACONNERA LES ELECTIONS DANS LE MONDE ?

A ce moment particulier de crise pandémique, un peu partout dans le monde, les gens se posent différentes questions. Les gens sont inquiets et cela est tout à fait normal. Autant préoccupé qu’eux, je me pose aussi des questions et l’une en particulier revient à savoir : à quel point le coronavirus façonnera-t-il les processus électoraux dans le monde? C’est ici là une question qui me taraude depuis que de nombreux pays, ont pris la décision de reporter leurs élections. Cela m’intéresse depuis que le COVID19 ne cesse d’occuper le centre de l’attention par l’ampleur des dégâts qu’il engendre. Les infectés sont comptés par plusieurs centaines de milliers de personnes. En à peine quelques mois, l’humanité compte des dizaines de milliers de morts et les gens, par mesure précaution, sont contraints au confinement. Actuellement, plus d’un milliard de gens sont confinés pour éviter que la grippe se propage, mais surtout que les plus vulnérables, y laissent leur peau.


Alors que plus de 70 élections nationales sont prévues pour le reste de l’année à travers différents pays dans le monde, le coronavirus (COVID-19) oblige de nombreux organismes de gestion électorale, à se poser la question : à quel point le COVID19 pourrait-il façonner l’organisation des élections dans le monde ?


Très peu de processus électoraux se sont tenus comme prévu au cours du mois de mars. Vingt-quatre pays ont dû reporter leurs élections par précaution aux menaces que représente le virus. Les grandes démocraties comme celles qui trébuchent, étaient pour une grande partie dans l’obligation de se plier, parce que tenir des élections en ce moment de crise, implique de prendre des risques énormes.


Le peu de pays qui ont pris le risque d’organiser des élections ou referendum, se sont assurés de prendre les mesures de santé et sécurité nécessaires pour s’assurer de la protection des vies des citoyens. Si pour l’instant, là où sont tenues des élections, représentent des cas exceptionnels, nous sommes certains que nombre de pays seront amenés à s’accommoder pour trouver la stratégie appropriée pour que les citoyennes et citoyens continuent à remplir leur devoir électoral, lequel est inhérent à la démocratie. Il est certain qu’il serait scandaleux que des Chefs d’État s’arrogent de rester en fonction sous prétexte de coronavirus malgré que leur mandat arrive à terme. C’est pour cela même que nous sommes certains, qu’en attendant que des solutions soient trouvées au virus, des mesures d’accommodement seront mises en œuvre pour que les élections se tiennent dans certains pays. Plusieurs pays emboîtent d’ores et déjà le pas et j’avais pensé qu’un coup d’œil sur les méthodes utilisées pour respecter certaines échéances électorales, nous aidera à comprendre que les élections peuvent s’adapter à la crise. Jetons-en un coup d’œil :

  1. Les élections du 4 mars 2020 en Israël se sont adaptées par exemple au coronavirus, où les autorités ont installé des bureaux de vote séparés en bâches en plastique avec un personnel doté de vêtements de protection pour plus de 5 500 électeurs qui ont été placés sous l’isolement préventif après leur retour de l’étranger.
  2. En Corée du Sud, où l’on compte plus de 8 000 cas de COVID-19 et 81 décès, les élections législatives pour le 15 avril 2020 ne subiront aucune modification. Les autorités électorales prendront des mesures pour que les patients puissent voter depuis leurs domiciles et les hôpitaux.
  3. L’organisme de gestion électorale de l’État du Maryland (États-Unis) quant à lui va réaliser le 28 avril prochain une expérience de vote par correspondance en réponse à COVID-19. Cette élection spéciale est considérée comme un test pour les responsables électoraux locaux afin de déterminer si le vote par correspondance pourrait être utilisé comme modèle à travers les États-Unis.
  4. Enfin, après l’expérience réussie de Bavières au premier tour des élections locales, le dimanche 29 mars, on a tenu le second tour de ces élections, un scrutin tout postal décidé en réponse à la pandémie de COVID-19 et au risque de contagion pour la santé, posé par les contacts sociaux.

Si pour l’instant l’alternative qui se déploie semble être le vote par correspondance, qu’on ne s’étonne pas non plus de la montée du vote par internet. Il est vrai que de nombreux pays ne peuvent malheureusement pas se procurer ce luxe, mais pour ceux qui en ont les moyens pas étonnant que ce secteur pourra connaître un bel essor. En tout cas, si coute que coute de nombreuses élections vont quand même se tenir malgré la menace du virus au cours de l’année, cela ne sera certainement pas sans conséquence sur le taux de participation, qui connaitra une chute considérable.

Roudy Stanley PENN
Politologue/ MEPA

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Compliments à Mme Axelle Kaulanjan

PoliticoTech présente ses compliments à Mme Axelle Kaulanjan qui vient de faire son entrée au Conseil municipal de Petit Canal en Guadeloupe.

Malgré les difficultés rencontrées face à un Maire sortant qui concourait à sa propre réélection et qui ne ménageait pas ses attaques sexistes, la consultante et femme politique guadeloupéenne Axelle Kaulanjan a su gagner la confiance d’une bonne partie des Canaliens et Canaliennes ce qui a donné la possibilité à trois membre de sa liste de siéger au Conseil malgré la victoire du Maire sorte. Elle rentre à l’opposition, mais une opposition qui sera constructive pour le bonheur des Canaliens et Canaliennes.

Nous croyons fermement à PoliticoTech que la présence de l’équipe d’Axelle qui siégera avec trois membres au Conseil municipal, contribuera à inspirer une nouvelle génération de leaders Canaliens et de Canaliennes.

Nous avons été fiers à PoliticoTech de participer aux stratégies électorales de cette campagne qui imprime déjà une nouvelle façon de faire en matière électorale.

Roudy Stanley PENN
Directeur Général PoliticoTech

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Elaboration de plan de campagne

La saison des campagnes électorales sera pour bientôt. A tous les niveaux, pour gagner les candidats auront besoin d’un plan de campagne professionnellement rédigé qui sert de guide à son équipe et au candidat pour ne jamais perdre de vue, l’objectif principal.

Une campagne qui ne dispose pas d’un plan est voué à l’échec, sinon elle repose uniquement sur de l’aléatoire. Alors que la campagne planifiée coûte généralement moins chère et le/la candidat.e sera en mesure de connaître véritablement ce qu’il/elle a besoin pour gagner, en trouvant des réponses à des questions stratégiques tells que : Combien va vous coûtez votre campagne ? Combien de meeting auriez-vous besoin d’organiser ?Combien de voix vous faudra-t-il? Etc.

Un plan de campagne est bien plus qu’un simple document qui regorge des informations. C’est un travail technique qui fait appel à un ensemble de compétences et qui nécessitent des activités de terrain.

Si vous voulez gagner, formez-vous ainsi que votre équipe.

Cible :

– Candidats.es

Durée :3jours (24heures)

Objectif de la formation :Aider les candidats à disposer d’un plan de campagne.

NB : Cette formation est payable en trois temps tranches.

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Communication de Crise dans les Organisations

Avec cette formation, le/la participant (e) pourra comprendre le phénomène de crise pour mieux s’y préparer. Il/elle développera les compétences pour identifier les parties prenantes internes et externes.  Afin de bien préparer son organisation. La formation l’aidera à se poser les bonnes questions pour faire face à la pression d’où qu’elle vienne et ainsi élaborer une stratégie de réponse.

Lors de cette formation, les participants (es) apprendront à identifier les pièges à éviter et les attitudes à favoriser, afin de sécuriser la réputation de son organisation.

A noter que cette formation se réalisera à travers des cas pratiques. Chaque séquence de la formation sera illustrée par des exemples concrets et récents.

Cible :

– Responsablesd’organisations

– Responsables de communication d’organisations

Durée : 2 jours (16 heures)

Date : 22 et 29 mai 2020

Objectif de la formation :Établir une stratégie de communication pour faire face à la crise.

NB : Cette formation est payable en deux tranches : 1) 5,000 gdes 2) 3,000 gdes

Payer d’un seul coup avant le 8 mai pour bénéficier d’un rabais de 30%

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Le réchauffement climatique: ses menaces sont bien réelles. Ceux qui nous dirigent, tiennent-ils compte des dangers ?

Les menaces dues au réchauffement climatique sont bien réelles. Bien que dans pas mal de pays sous-développés, certains dirigeants ont tendance à malheureusement les minimiser, sous prétexte que c’est le problème des grands pays industrialisés. Ce qui est totalement faux. Et nous commençons depuis quelques années déjà à voir les conséquences. Si, malheureusement, ce sont les pays riches et industrialisés qui nous ont conduit vers cette dure réalité, les conséquences de leurs actions sont toutefois mondiales. Les dangers sont partout et les victimes sont potentiellement tout le monde.

Malheureusement, les plus faibles sont les plus vulnérables. Les diverses catastrophes naturelles qui ont frappé Haïti en sont la preuve, en fonction des difficultés que nous éprouvons à nous relever. Tandis que dans les grands pays, certes les dégâts sont économiquement plus importants, mais possèdent les moyens de réparer les dommages et reprendre la vie normale.

Il est important aujourd’hui que nous mesurions les enjeux de ce phénomène, parce que ces derniers temps, la nature semble être peu clémente. Elle ne fait que réagir par rapport aux actions que nous autres, les humains, avions posées.

A travers ce texte je présente quelques phénomènes qui sont dus au réchauffement climatique et dresse un panorama des dangers que potentiellement ils représentent.

Des tempêtes de plus en plus dévastatrices

Nous avons récemment vu dans la ville de Houston à Texas comment Harvey a transformé les rues de la quatrième métropole des Etats-Unis en rivières, et des quartiers entiers en lacs. Les services métrologiquesont parlé de 40 trillions de litres d’eau. S’il n’y a pas eu de pertes considérables en vies humaines, c’est tout simplement parce qu’aux Etats-Unis, plus ou moins, l’Etat existe et est présent. Ce qui n’a pas empêché que les dommages causés soient déjà évalués à plus de 42 milliards de dollars.

Pourtant, les catastrophes naturelles ne faisaient autrefois pas autant de dégâts. Dans les années 1960, les pertes économiquesengendrées par ces catastrophes à grande échelle ont représenté un total de 69 milliards de dollars, contre 536 milliards dans les années 1990, soit près de huit fois plus alors que nous parlons de seulement trois décennies plus tard. Les catastrophes naturelles sont de plus en plus dévastatrices.

Les dégâtsprovoqués par Andrew dans l’Etat de Floride en 1992, pour seulement les bâtiments,étaient de 30 milliards de dollars. En 1998, l’ouragan Georges a infligé des dommages de 10 milliards de dollars au Salvador et au Nicaragua. Le Venezuela vers la mi-septembre 1999 a aussi connu un ouragan qui fit 20,000 morts et des pertes économiques de plus de 15 milliards de dollars. Et en 2005, l’ouragan Katrina aux Etats-Unis a fait des dégâts évalués à 125 milliards de dollars, soit 54 fois le budget d’Haïti en 2015 et 14 fois le PIB d’Haïti pour la même année.

Les dernières catastrophes naturelles qu’ont connues Haïti, n’ont peut-être pas été de valeur économique aussi considérable, mais cela n’empêcheque les conséquences soient également lourdes. Car à chaque période cyclonique, nous avons malheureusement comme l’impression que le pays s’effondre complément, face à un Etat que nous n’oserions pas qualifier d’inexistant – mais qui a du mal à répondre à ses prérogatives. C’est toujours de l’aide humanitaire que nous comptons pour venir en support aux victimes. Paradoxalement, jusqu’à présent, nous vivons encore sur les ruinesdu cyclone Matthew, qui a dévasté le grand Sud, et dont les dégâts causés n’étaient évalués qu’à 1,9 milliard de dollars.

L’amplification des catastrophes naturelles

Beaucoup de choses ont changé depuis quelque temps dans le fonctionnement de l’écosystème de la nature. Le rythme auquel se produisaient les catastrophes naturelles ont drastiquement évolué. Nous devons savoir que désormais, à chaque année il y aura non seulement des catastrophes naturelles, mais elles seront de plus en plus dévastatrices. Par exemple, entre 1920 et 1970, il y a eu en gros 40 tempêtes par an. Mais depuis que les températures ont augmenté, les fréquences des orages ont fait de même, nous dit Lester Brown. Pour preuve, ce dernier avance que depuis 1985, l’hémisphère Nord a connu près de 80 tempêtes par an. Le Center for Research on the Epidemiology of Disaster (CRED) de l’Université Catholique de Louvain, pour la seule année 1990 avait inventorié 261 catastrophes naturelles contre 50 par an jusqu’au début des années 1960. Un chiffre qui a presque doubléen 2007, en passant à 414.

Tout cela nous dit que nous devons nous préparer au pire en prenant les mesures de gouvernance responsables et appropriées. Et je suis bien obligé de lire, la responsabilité ne revient pas seulement à l’Etat, mais aussi aux acteurs de la civiles qui doivent éduquer les citoyens à comprendre ces changements et participer à des solutions alternatives.

Face à la montée du niveau de la mer, connaissez-vous les dangers?

Pour certains, cela peut vouloir ne rien dire, mais pour d’autres cela suscite d’énormesinquiétudes, parce que la montée du niveau de la mer comme l’étudient les spécialistes, est un phénomène qui pourrait avoir des graves conséquencessur le monde. Et il s’agit là encore de problèmes qui sont les conséquences du réchauffement climatique. Au cours du 20e siècle, le niveau de la mer s’est élevé de 10-20 centimètres, soit le plus de la moitié de la hausse de ce qu’il a connue pendant les deux mille ans précèdent. Les spécialistes et chercheurs réputés en la matièrenous disent que la meilleurefaçon de mesurer l’effet de cette hausse est la submersion des zones côtières. Le trèsréputé Donald F. Boesch, avec le le Centre pour les sciences environnementales de l’Université de Maryland, estime que, pour chaque millimètre d’augmentation du niveau de la mer,la ligne de cote recule en moyenne de 1,5 mètre. Il a ainsi attiré l’attention, en faisant comprendre que si par exemple la mer arriverait à monter de 1 mètre, la ligne de cote reculerait de 1,500 mètres. Si cela arriverait, un pays comme les Etats-Unis par exemple perdrait 36,000 kilomètres carrés de terre. Et pour un pays comme le Japon, cela signifierait que 2,340 kilomètres carrés de terres seraient totalement submergés. L’archipel Tuvalu de l’océan Pacifique est même voué à disparaître. La menace est réelle à un point tel que ses dirigeants à passer un accord avec la Nouvelle Zélande qui porte sur la migration des travailleurs fuyant l’archipel. En même temps, des études ont aussi démontré que les iles Maldives dans l’océan Indien risquent aussi d’être englouties par les eaux. Le présidentMaumoon Abdul Gayoom qui a dirigé le pays de 1978 à 2008, avaitdécidé d’investir fin 2008 les bénéfices du tourisme dans son pays dans un fonds mutuel destiné à assurer le pays contre le changement climatique. Un argent qui selon lui devait contribuer à acquérir un nouveau territoire en cas d’évacuationforcée de ses 300,000 habitants.

Pour comprendre la menace, mis à part les pays qui prennent des dispositions en fonction de certaines prévisions, il est aussi important de signaler que l’Ile de Lohachara a été abandonnée après avoir été engloutie par les eaux du golfe du Bengale.

Tout cela c’est pour montrer qu’il s’agit d’un problème réel que ceux qui dirigent doivent prendre en compte, mais aussi les élites du pays parce que comme nation insulaire, Haïti fait partie des pays exposés et vulnérables. Est-ce que des études ont déjà été financées par l’Etat haïtien pour mesurer les conséquences de cephénomène et commencer par réfléchir à des éléments de solutions ? Je ne sais pas. Toutefois, les variations eustatiques (variations du niveau de la mer) dans les cotes antillaises avancent et suivant certaines hypothèses, s’élèveraient de 1,5 mm par an.

Penser des solutions durables et endurables pour Haïti

Je me suis rendu compte que nous pouvons avoir une autre maison, une autre voiture, un autre, une autre… mais pas une autre planète. Notre demeure commune n’est autre qu’ici. La terre. Ceux-là qui pensent que laisser Haïtipour fuir le problème voient déjà que cette solution n’est pas la bonne, parce que c’est le mêmeproblème partout. Et c’est la raison pour laquelle, il nous faut commencer parréfléchir à de solutions sérieusespour Haïti par rapport aux conséquencesde l’endommagement du systèmeécologiqueplanétaire. L’Etat doit non seulement de son coté agir, mais aussi supporter des initiatives citoyennes qui tentent d’apporter des solutions. Déjà, les pertes enregistrées en 2016 étaient équivalentes au budget national. Or, il est presqu’évident que ce sont des phénomènes qui surviendront non seulement annuellement, mais probablement aussi ou plusdévastateurs aussi. Tout cela fait qu’il est important, voire fondamental, que ceux et celles qui dirigent doivent murement réfléchir aux conséquences des chemins qu’ils empruntent au pays, des choix économiques qu’ils font. Doit-on suivre le modèle de développement de l’Occident qui en est la responsable ou d’autres alternatives, d’autres voies que nous n’aurons probablement pas à regrette ?

Roudy Stanley PENN

Politologue

Saffache, P., (2014). « Vulnérabilité des îles antillaises face à la montée du niveau de la mer » in Cruse&Rhiney (Eds.), Caribbean Atlas, http://www.caribbean-atlas.com/fr/thematiques/geographie-physique-et-ressources-naturelles/vulnerabilite-des-iles-antillaises-face-a-la-montee-du-niveau-de-la-mer.html.

Demonstrators march through the streets of Port-au-Prince, on February 7, 2019. Demonstrators demanded the resignation of Haitian President Jovenel Moise, as protesters blocked streets and lit tires during their march in the Haitian capital. The protesters also demonstrated against the Petrocaribe fund, as last week a new report on the spending of money from the Petrocaribe fund was presented. / AFP / HECTOR RETAMAL

Crise politique et crise politisée : regard sur le climat actuel

L’histoire d’Haïti, de 1804 à nos jours, est jalonnée de crises, les unes plus aigues que les autres, entrainant ainsi le pays dans un va-et-vient vers nulle part, une spirale de sous-développement.

Cette crise interminable affaiblit malheureusement tout effort de relèvement collectif, jusqu’à ce qu’au bout du compte, Haïti soit l’unique pays moins avancé du continent américain. Depuis toujours, elle est profitable à quelques-uns – qui ont toujours su profiter de nos périodes les plus tristes, mais collectivement, elle ne fait que cracher sur tout effort de relèvement. Nous sommes arrivés à un point tel que les crises politiques étant si récurrentes, que n’importe quel problème social qui, a un moment de la durée, est mal appréhendé par les autorités, peut être vite politisé, pour en faire une crise.Haïtidevientcomme une société inconcevable, inimaginable sans les crises qui la secouent depuis sa création.

Sile plus simplement possible, une crise politique est vue comme une « phase grave » dans l’évolution de la situation politique d’un pays, au point qu’elle entraîne des grèves, des manifestations, des mouvements sociaux, des émeutes ou, plus grave, une révolte ou une guerre, il faut reconnaître que si d’autres sociétés ont connu, elles aussi, des crises, il leur arrivé à un moment de la durée, de tirer les leçons nécessaires pour aller de l’avant. Quant à nous autres en Haïti, notre histoire est plutôt nourrie de crises permanentes qui affectentpolitiquement, économiquement et socialement le pays.

La pérennisationde la crise qui malheureusement profite à certains, a fini par boucher les tuyaux où devaient sourdre les énergiesnécessaires à la construction du bien-êtrehaïtien. Deux siècles de rabattement, de va-et-vient, au point que certains doutent qu’on ne soit pas condamné à rester sous-développé. S’ils n’ont pas raison sur notre « condamnation au sous-développement » – du moins je l’espère, ce qu’en témoigne la réalité est quand même triste. Par exemple, faute de cette crise pérenne :

  • depuis la fin des années 1980, le pays connaît une chute brutale des exportations.
  • la population vit dans une situation de pauvreté où actuellement plus de 6,3 millions de personnes sont incapables de subvenir à leurs besoins essentiels, sur une population de 11 millions d’âmes ;
  • le taux d’homicides a doublé entre 2007et 2012 ;
  • Haïti a du mal à mettre en place les politiques et les mécanismes institutionnels essentiels à son développement économique adéquat ;
  • en plus flux migratoire accéléré des Haïtiens, aujourd’hui plus de 85 % des Haïtiens détenant un diplôme universitaire vivent à l’extérieur ;
  • en l’espace de 33 ans (1986 à nos jours)le pays a connu 22 gouvernements.

On aurait pu défiler d’innombrables autres exemples, mais nous nous arrêtons là, avec ces faits qui devraient honnêtement nous interpeller. 

Ajoutée à la crise réelle, la crise profonde (celle qui trouve ses racines dans nos choix politiques, lesquels – au lieu de nous conduire vers le progrès, nous enfonce dans la honte de l’histoire), il faut aussi compter les crises factuelles, les crises voulues et profitables. Car si l’instabilité nuit à une majorité, cela ne fait aucun doute que certains savent minutieusement en profiter. C’est donc dans cette optique qu’il faut inscrire ce que nous appelons dans le titre du texte « les crises politisée ». Bien évidemment, une crise, une fois ayant atteint la dimension politique, sera politiquement récupérée, sans que pour autant que cette utilisation soit malsaine, dans le sens que les acteurs qui la reçurent, n’y voient que les débouchées politiques. Car la politique n’est pas seulement nourrie de tromperies, de basses œuvres, de coups bas et autres, elle est aussi – tout dépendamment des acteurs – sincère et réellement attachée à des valeurs progressistes.

Mais il est un fait : greffée à la permanence de nos crises politiques, la création et la récupération d’insatisfactions susceptibles de déboucher sur des crises, devient une arme stratégique entre les mains d’acteurs qui n’entendent pas laisser le libre champ aux gouvernants. A des moments, les crises sont recherchées et nourries parce qu’elles représentent une arme de combat politique majeure. Tout devient un fardeau pour le gouvernement, il suffit qu’une situation donnée(ayant presque ou atteint une phase de maturité) soit utilisée politiquement sous formes de grèves, des manifestations etc. au profit d’un clan politique bien précis, sans que les acteurs qui désormais se font les hérauts de cette cause, y tiennent véritablement. Généralement, les profiteurs sont des gens qui, pendant un temps, étaient dans les vestiaires, qui en profitent pour provoquer des changements, des bouleversements dans le climat politique afin qu’eux, à leur tour, puissent jouer une mi-temps. La presse, aime les scandales. Elle les alimente, les nourrissent.

La fin, la plus courante de toute crise politisée et le partage du pouvoir et non le souci réel de changement dans les conditions matérielles d’existence du peuple. Sinon, cette récupération s’inscrit dans le souci de se faire des alliés et des sympathies électorales.

La politisation des crises a pour principale conséquence « des changements toujours récurrents de gouvernements ou dans la composition de nos gouvernements. La Cross-National Time Series Data Archivea par exemple fait remarquer qu’entre 1986 et 2006, Haïti a connu 20 changements de gouvernement (changements de premier ministre ou de la moitié du portefeuille ministériel).Il est impossible à l’Etat dans un contexte pareil de donner des résultats quand à n’importe quel moment un ministre peut être éjecté, quand son remplacement n’a pas effectué parce qu’il n’a donné de résultats, mais pour des « raisons politiques ».  Leurs successeurs des fois sont meilleurs ou pires, mais l’essentiel c’est que même dans nos coopérations, cela a de mauvaises répercutions sur l’image du pays, sans compter dans nos politiques internes où les institutions publiques souffrent déjà de malfonctionnement.

Une petite compilation de données, m’a permis de constater également que de 1986 à nos jours, à peu près 500 personnes ont déjà occupé un portefeuille ministériel, bénéficiant ainsi des privilèges et des honneurs qui marchent de pair avec cette fonction.Et qui paye les pots cassés ? le budget de la République, notre pauvre économique où la croissance est restée décevante pendant les quatre dernières décennies. Cette situation, ajoutéeaux membres de l’élite économique qui bénéficient des avantages de monopoles légaux et de clauses d’exclusivité, crée une autre frange qui, elle-même, vit pour et par la politique, laissant le peuple, au milieu, asphyxié de misère et de désespoir. Certains diraient : s’il y a une chose qui ne soit pas en crise en Haïti, c’est la crise elle-même. Face à une pareille réalité, un tableau aussi sombre, il n’y pas lieu d’être optimiste quant à l’avenir de ce pays. Les crises deviennent un marché, très rentable politiquement, mais le pays, d’un autre coté, s’engouffre dans l’instabilité et la misère. Le collectif en meurt.

Roudy Stanley PENN

Directeur General PoliticoTech

Politologue / MEPA